vendredi 6 septembre 2019

Retour, au désert la branche.

LA PAZ

Cuando esta madrugada
abran las campanillas granas
a la luna dorada,
tú nos estarás ya en casa,
sombra desnuda y blanca.

- Estarás noblemente
sosegada y risueña entre
la novedad alegre,
contenta de tu suerte
que te hace indiferente,
tras la vida, la muerte.-

Se irá encendiendo el día
con una luz tristísima ;
lea brisa verde y fría
llenará, como un agua descendida,
la azotea vacía.

- …¡Y habrá que levantarse,
y habrá que hacer ¡de prisa ! las cosas matinales,
y habrá que ver y oir por todas partes
los gritos, las carreras, los alardes,
- ¡sol en la pobre carne con su sangre ! -,
las deshumbradas fealdades acres !-

¡Crearme, recrearme, vaciarme, hasta
que el que se vaya muerto, de mí, un día,
a la tierra, no sea yo; burlar honradamente,
plenamente, con voluntad abierta,
el crimen, y dejarle este pelele negro
de mi cuerpo, por mí!
¡Y yo, esconderme
sonriendo, immortal, en las orillas puras
del río eterno, árbol
- en un poniente inmarcesible -
de la divina y májica imajinaciόn !

Juan Ramόn Jiménez / Beauté / José Corti, (collec ibériques) p. 48 et 50 


Maria Dolores Cano, ici, 05 septembre 2019 à 10:13.

LA PAIX

Quand à l’aube les campanules
couleur grenat s’épanouiront
sous la lune dorée, toi tu ne seras plus
à la maison,
ombre nue et blanche.

-Tu seras noblement posée,
paisible et souriante,
dans l’instant nouveau et joyeux,
heureuse de ton sort,
qui te rend indifférente,
après la vie, la mort. -

Le jour ira s’illuminant
D’une clarté infiniment triste ;
La brise verte et froide
Emplira, comme une eau descendue,
La terrasse vide.

-… Alors il faudra se lever,
et faire, très vite ! les choses matinales,
et il faudra voir et entendre partout
les cris, les courses, les vantardises,
- soleil sur cette pauvre chair avec son sang ! -
les laideurs âcres et aveuglantes !-

Me créer, me recréer, me vider, jusqu’à ce que
celui qui mort, un jour, s’en ira de moi
dans la terre, ne soit pas moi ; déjouer honnêtement,
pleinement, délibérément,
le crime, et lui laisser ce fantoche noir
de mon corps, à ma place !
Et moi, aller me cacher
souriant, immortel, sur les rivages purs
du fleuve éternel, arbre
- en un couchant immarcescible -
de l’imagination divine et magique !

Juan Ramόn Jiménez / Beauté / José Corti, (collec ibériques) p. 49 et 51

Traduction de Bernard Sesé.


Maria Dolores Cano, ici, 05 septembre 2019 à 10:15.

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