samedi 15 septembre 2018

Il compte et engrange.

Le cœur épanoui, brisé et tordu et fracassé, d’en haut, d’en bas, de toute part et finissant sur une dune, au temps, rempli d’inquiétude, fini de solitude, comblé de malchance, parfumé de tendres et de solides fers, de pieux et de complicité, dans l’attente, dans le vent, dans le froid, sur la mer et sur les airs, dans les torrents de boue et de cailloux, des effets et des efforts et des effluves, et du calme, et du renouveau, du perdu, et de la fin, le cœur épanoui et mordu, trouvé en haut dans le livre, et la joie, et une fois de plus et une fois de moins, un espace à conquérir, une guerre à mener, des soldats pour l’entrain, et des branches, perdues, dans le centre de toute chose.

Il lance des rameaux dans les mines de sel et remonte des arbres pour la joie, tout scintille, et tout se voit, tout meurt dans la lumière, dans le sable, et le renouveau, dans la ferveur et dans le froid, le cœur aussi a froid, de certitudes et de raisons, qui font lancer des pierres au fond du puits et des branches de houx dans la bassine noire.

Il prépare un festin, bombance de roitelets et de salamandres, il sort le chaudron pour les fous et remplit les yeux d’abondance. Un espace à conquérir, le roi est prêt pour la bataille, les oiseaux chantent dans les branches et le marcheur a délacé ses pieds dans les chaussures, la poussière monte du bord, le chemin est foulé, les oiseaux chantent au bord du toit, un espace à conquérir, les oiseaux pleuvent des plumes et des cris, sous les arbres, sous les rebords du toit.

Le cœur épanoui, brisé et tordu et fracassé, d’en haut, d’en bas, de toute part, et finissant sur la dune et le temps, rempli d’inquiétude, sur la dune et le temps, une issue est fermée, chemin dérobé, le marcheur est en avance et crache sur le chemin. Les oiseaux suivent au loin et grattent les herbages, les animaux soufflent sur les crans de boue, les pierres lancées dans l’eau trouent de bulles et d’air mêlé, fendent la surface.

Sur le chemin, le soleil chauffe les épaules et ferme les yeux dans les idées, le souffle seul compte et fait tourner les mots dans chaque sens et, pour lui seul, il compte et défait la ceinture et claque son ardeur, et, pour lui seul, il compte et engrange une charretée de promesses. Il vient et porte sur le dos les fleurs offertes au mal pour le chasser, à la peur pour la briser. Les mots sont seuls et tourbillonnent, et, pour lui seul il compte, il promet des années de lumière, des chemins de boue séchée, des orages d’air sec et chaud, des feuilles qui volent et grimpent dans le ciel, changent le sens des choses et des histoires.

Des files de mots seuls, comptent et tourbillonnent, remplacent l’air, et changent le ciel bleu, en ciel de nuit et de vendange, le raisin est vert, encore. Les mots seuls sont importants et tourbillonnent, il insiste car lui, seul pour lui, compte, et refait le monde, et change les saisons, et défait la ceinture, et monte le cerceau, et fauche les blés murs et engrange la soif, dans une raison folle, dans l’air qui tourne et recommence, il marche, marche et finit sur le flanc. Le cœur épanoui et brisé et tordu et fracassé, d’en haut, d’en bas, de toute part, il finit sur la dune et le temps, et rempli d’inquiétude, il avance, et, pour lui seul, il compte et mesure.

19 Juillet 2007.

1 commentaire:

  1. Il sac et ressac. Cœur écaillé, lavé, lessivé, ballotté, porté, flotté, échoué sur le sable. Il ricoche sur les dunes. L'angoisse qui l’enserre et le serre le perd aux heures sombres de la vague, au plus noir des ténèbres, dans le froid et la fange. Sur le lit de cailloux il défait ses effets et la peur effacée et la joie reconquise, nudité retrouvée aux premières pages du grand livre.

    Entre-ligne à mi-mot, entre-deux sur les flots, et la rive et la rime sur la voile qui dévoile le visage du grand-voile.

    Seul survit le plus vrai, l’essentiel, non point le plus brillant, le plus fort, le plus dur. La vie parfois terrible porte son jugement de certitudes et d’habitudes.

    Lui seul, brocanteur-rêveur il retient ce qui demain le servira, l’aidera, petites particules de vie et d’amour pour travail de mémoire.

    Il prépare un royaume d’abondance, un festin à conquérir, un combat rude, harassant. Il le sait, il le sent, le pressent. Alors il entend, il écoute l’oiseau qui emplit de poésie l’espace à conquérir, là sur le rebord du monde en pluie de plumes et de battements d’ailes.

    Abandonnant la bataille il soulève le couvercle de bombance et libère un envol de joie, de rêves, de bonheur et de miel… … la vie simple à nouveau.

    Son cœur écaillé ricoche sur les dunes, sur le temps, sur les portes fermées et les rideaux d’écume, en haut, en bas, sur les chemins d’infortunes. D’une rive à l’autre les oiseaux renvident le temps, bulle de fortune éclose d’une griffure, sur la peau de l’étang.

    Il est seul et avance sur les chemins d’errance. Il pense et repense aux matins de souffrance, de peur et d'absence. Alors, il ramasse et amasse, compte et recompte, se souvient les promesses, cueille les fleurs et distille les mots en colonnes de lumière, en histoires nouvelles pour panser les demains.

    Les mots se suivent en guirlande sur le sable, en caravane du désert, en grains dans le lit de la vigne. Il transforme et invente et refait et défait et revient et retient et gratte et recommence et coupe et recoupe et boit dans la coupe. Le cœur léger et blessé, sacrifié, supplicié, anesthésié, revenu sur la rive, descendu de la dune et meurtri d’inquiétude, et tout seul il mesure sans mesure, démesure.

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