lundi 8 juillet 2019

Die Heiligen Drei Könige. I

Die Heiligen Drei Könige.

I
Épines en chemins.

Orties, ô, temps immobile, où sont-ils les piquants, les acerbes qui se donnent et content aux étoiles le champ labouré, la main posée, le cœur évanoui, la couronne posée, ô, où sont-ils les chanteurs, les archanges, le bien sur le devant, l’horizon toujours vaste.

En arrière, en arrière, je me suis penché tôt au matin et j’ai tremblé et j’ai cru et j’ai dit, il faut se reconnaître, il faut tout chanter et mordre les cailloux, et perdre sur un lit les roses et leurs épines, et donner au plus haut ses bras d’herbes pures, ses grains d’encens à brûler, sa myrrhe pour guérir et contenter la vie. Ils sont trois ils avancent, ils sont rois éblouissants.

La main posée au montant de la porte se détache et tranche dans l’air un morceau de l’histoire, une part de vent sur les cailloux. Des mages en cohorte, ils avancent et cherchent et trouvent à l’orient un horizon subtil de mains jointes et vives.

Ils se cherchent, ils se croisent, ils vont, venant de loin, ils viennent et respirent et posent au sol, sur le sable, aux pieds, l’or et l’encens, la myrrhe, si près des genoux, ils se courbent, ils inclinent, ils ont vu l’horizon, le cuivre est pour le soir et les roses au matin, ils ont vu et je vois trois rois qui avancent, je suis au matin penché et tremblant.

J’ai enfin les doigts détachés un à un du montant de la porte, du montant de métal et pensant, d’or, d’encens, de myrrhe, de voyages, d’espoirs et de pardon, de vies sauvées, de pieds blessés, guéris de poussière au chemin.

L’huile coule aux pieds des voyageurs, ils sont essuyés d’huile et de larmes, de nard, de cheveux blonds et roux, ils sont empoussiérés et fourbus au talus, les yeux encore clos, ils respirent le parfum de lys et de corbeau noir, ils sont empoussiérés au bord du chemin, sauge et violettes et piquants chardons bleus, ils se traînent, ils s’éreintent, ils sont fourbus et ils cherchent, d’or, d’encens et de myrrhe, des vies à sauver, des enfants à combler, des cœurs à enrouler dans la soie, la salive.

Ils sont en abandons, ils cherchent et trouvent. Le pied dans les orties, le cœur sur la route, dans la poussière et dans le bruit. Cette nuit l’étoile est descendue, ils ont cherché et ils trouvent sur le talus, au monde, des cœurs à contenter, des yeux à explorer, des champs à labourer, de la terre pour tous.

Des doigts dans l’air battent, ils sont étendus sur le bas à côté des épines, ils sont fleurs d’églantier et cœurs à conquérir, ils chantent et inventent un monde pour les yeux de tous et pour tous ils éprouvent, ils tracent, ils décorent, ils montrent.

Le chemin est là, la liberté est en face, ils content, ils content, et je me dis aussi cette petite histoire, ce bien épanoui, ce regard éclatant, un monde à conquérir, des cœurs à ouvrir, des enfants à sauver, des champs moissonnés et des greniers comblés et des avoines perdues pour les passants, trouvées aux maraudeurs.

Ils se contenteront des épines et ils affranchiront les esclaves, les rois sont sur la route et mangent l’herbe amère, ils sont sans y penser en avance et bien loin, sur le bord du chemin. J’ai visité le temps, j’ai rempli mes regards des ombres du mensonge, ils sont encore là, leurs doigts accrochés au portail.

Je me dis, je suis libre, je suis un regard pur, j’avance et trouve à chaque pas une histoire nouvelle, un souvenir de rois, ils suivaient au départ une étoile. Je me dis, je suis libre, je suis un regard pur, j’avance et trouve à chaque pas une histoire nouvelle.
 
26 Juillet 2011.

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