vendredi 5 juillet 2019

Passé composé, œil perdu.

Des traits, des marques, il marque, il traite du partir. Sur son grain, sur son fil, il espère et il croit. Il se tient, tendu sur le sable, de confiance ému, le trait tiré au défaut, sous les yeux, sous les aisselles, sous le soupir, le ton donné au supplice, à la grâce, à l’abandon, à la mesure. Il a perdu

le contrôle, il abandonne son chagrin, il se défait et roule, dans l’herbe rase, vers le lointain qui luit et le harcèle, il est venu, il est tenu, il pose le pied au sol, un bruit, un cri, un après l’autre, sans effarouchement, sans préciosité, les mots sont convenus, ils le contiennent, et il les libère. Il est tenu

sans explication, il tourne d’une pierre à l’autre, de branche en branche. Le monde est clos, le monde est sûr, il tourne et rond, il se répète depuis toujours. Le premier mot fut le dernier, la première lame fut gorgée folle et rumeur sotte, il ne parle plus, à rien, ni personne, il se défait, il est déhanché

et pose au sol, au sable, les mots l’un après l’autre, à pas compté, sa mesure pleine, sa brûlure grande, quel mal faire, pour un baiser, pour un qui est refusé, retenu, rejeté, perdu encore. Il est refusé, il est ralenti, il est clairsemé, sans ombre encore. La vie le double, il se refuse, l’autre est refusé.

Les yeux nul ne peut les rêver, leur nuit calme, bleue, étoilée, sans peurs, sans alarme, rien ne sonnera, et rien pour rien. Aigu, sur le vif, une chose après l’autre, il est étendu, il tient au sol, sous les feuillages, il est reconnu, il compte les étoiles, il se distingue, il a de la mémoire et il a conté

aux autres leurs histoires. Il les suit, ceux qui ont fuit le chemin, il est à la trace, il leur donne le sable, le sable et ce qui reste dans la main, sous le pied, sous le ciel étoilé. Ils se perdraient, il les trouve un à un et un, perdu pour perdus, il les compte, il les trouve et il s’en enchante, il se donne éveillé.

Les yeux pliés sous les paupières, au défaut, il est ride et fantaisie, il compose, il tourne rond, il répète. Depuis longtemps, le premier mot fut le dernier, le premier verre fut gorgée folle, il ne parle plus, il chante. Un après l’autre, les hommes, grands perdus, sur le sentier du bord de l’eau éclairé.

26 Juillet 2011.

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