dimanche 21 juillet 2019

En reconnaissance.

Une aube au ciel, levée, avec une étrange et longue louange, il croise le temps et il cherche la vie. Le sol en est, sur le temps, la vie est en partages, en impressions, en fièvres incontrôlées, en tenues blanches et si fort, et si, et si, il donne le bateau, il donne la main sur le flanc et au tranchant, il forme et reforme.

Et roule en boule l’argile sans cailloux, sans air, en tout, sans rien en elle, le doigt sur le bord posé et la ligne claire dans la poussière, il se retourne et il chante encore plus, entre deux troncs, levé sur les pieds et sur la pointe, il cherche loin, il cherche haut et il débranche chaque arbre, chaque vie sur le chemin.

Sur le devant, dans l’ombre claire encore et encore, et paisible, il se retient aux sommets, il cligne les yeux vers l’eau. Dans l’onde sont les poissons et l’éclat vif et l’éclat pur, le soleil est-il noyé au fond, au fond et le seau est-il vide, encore vide de temps et de rumeurs, de clarté immobile, de chemins passants.

D’éblouissements en éblouissements, il tourne les yeux vers les yeux, dans l’onde, elle est boueuse et noire et grise et les poissons s’agitent et tournent, ils sont au bord de l’eau, au bord de l’onde, sur le sol, sur le sable, sous les arbres, sous les branches, et ils se donnent et il observe et chante.

Chante pour les uns, les autres, les oiseaux, un filet, un filet, un ami si fidèle, et il n’aimait jamais autant la vie, autant la vie en France, en Italie, entre Rome et Franquevaux, sur le chemin exactement, il y a des oiseaux qui brillent et terminent une course et une autre et se donnent au dessus d’eux, au dessus d’eux.

Dessus est le triomphe, le clair jeté, les avoines folles, les mots grandis et forts, sans retour et sans menaces, sur le devant, dans l’escalier, les écheveaux rompus dans les avoines folles et le silence seul, le silence, la lourdeur, le compromis, le vent, la fraîcheur et l’onde et l’eau perdue et les matins cinglants.

En toute liberté, en amour, en joie et partage, d’éblouissements en éblouissements, d’ombrages perdus en clartés retrouvées, sur l’onde, sur l’eau, les poissons s’agitent, la terre en suspension et un éclat, un éclat, un autre et tourne, une vie sur l’autre, en liberté, fils brisés, les écheveaux rompent.

La laine et les poissons, tout se mêle, ils en sont ensorcelés, ils en sont remplis, si pleins, si tournés et sincères, un chemin, un autre, ils croisent et se composent et l’un, et l’un est effrayé et suspendu au ciel sous les regrets, les animaux se tournent, la ferveur grandissante ils se saluent et passent, passent.

Une immense, immense joie, passe, il fut surpris, il fut surpris mais sans peur et il approche, enfin, le secret n’est plus douloureux, la vie est calme, le repos enfin se prolonge, il est rendu, il est capable, il tourne le pied sans blessure, sans doigts posés, la liberté est gagnée, le péril est loin et tout a pris la dérive.

Il coule et il flotte, il flotte et il est coulé dans l’eau, dans l’onde, dans la terre suspendue des traces et des regrets, il passe entre les lignes, il est libre et en reconnaissance.

29 Juillet 2011.

1 commentaire:

  1. " Les oiseaux blancs

    Je voudrais que nous soyons, mon amour, des oiseaux blancs sur l’écume de la mer !
    Nous nous lassons de la flamme du météore avant qu’elle ne s’éteigne ou ne s’enfuie.
    Et la flamme de l’étoile bleue du crépuscule, en suspens au bord du ciel,
    A éveillé dans notre cœur, mon amour, une mélancolie qui ne peut pas mourir.

    Une langueur émane du lys et de la rose, les rêveurs de la rosée.
    Ah, ne rêve pas d’eux, mon amour, ni de la flamme errante du météore,
    Ni de la flamme de l’étoile bleue qui s’attarde, en suspens quand tombe la rosée,
    Car je voudrais que nous soyons, toi et moi, changés en oiseaux blancs sur l’écume vagabonde !

    Je suis hanté par des îles sans nombre, et par les rivages de Dana,
    Où nous serions oubliés du Temps, épargnés par la Douleur,
    Éloignés de la rose et du lys et du tourment des flammes,
    Si nous étions des oiseaux blancs, mon amour, emportés sur l’écume de la mer ! "

    William Butler Yeats / La Rose et autres poèmes / Points

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