mardi 25 décembre 2018

Au ciel.



Il se prend la main et se retient au bord du vide, au bord du saut, il dévisage et retombe et reprend et insiste, il est au bord, un ange dans le tout, une horreur sans le rien, une affaire, un complot, il est à se dire, il est à se refaire, à contempler sans rire ni trembler, un frisson impalpable, inconnu, une ride sur le front, un œil refermé. Il regarde en haut et les oiseaux immenses et rouge tournent, tournent, il est arrivé et depuis s’interroge sur les troupeaux, sur les groupes et les règles qui organisent.

Ils sont tendus et tournent, ceux de derrière hèlent ceux de devant, ils accompagnent chaque instant, ils sont en route et ils dévient et ils se visent et se contraignent, ils sont à l’aventure et froissent l’air, les ailes étendues, ils se plient et organisent le tohu-bohu et ordonnent au chef d’aller plus loin, plus haut, plus vite, le vent les soutient et l’air les accommode.

Ils sont perchés très haut, ils sont pendus dans les rayons, le ciel sur eux tourne et ils échangent avec le sol, avec le temps, avec la vie, les yeux suivent, suivent, ils sont en haut, les yeux en bas, les dents raclent l’une sur l’autre, et les mâchoires serrent et le ciel chaud s’écoule dans le dos, sur les mains meurtries et fatiguées, la joie au cœur, le sourire sur le visage, les yeux bien haut levés, les yeux au lointain, il avance sur le ciel pale, il cherche en l’air la réponse, il voit, les oiseaux sont posés sur l’air. Ils échangent et renouvellent, ils sont accrochés au temps, vissés entre eux, trois ordre les commandent et quelles sont ces trois questions ?

Mâchoires serrées, les dents raclent l’une sur l’autre, il ferme les yeux au soleil et pointe sur le loin les éternels qui l’enveloppent.

Il y a sur ce moment un fort accent de calme et de bonheur, dans les questions sans réponses, il y a un air de doute et d’espérance, ils volent, ils doivent voler, il marche, il doit marcher, Saint François les voit, il sourit sur ce monde calme, les oiseaux volent et obéissent, les hommes marchent et obéissent, ils accomplissent, ils tournent rond, ils recommencent et posés en l’air, et posés, ils glissent déployés, ils crient et interpellent, la vérité est en marche, le vol est en avance, ils se donnent aux uns aux autres, ils raclent les uns sur les autres.

Il est là pour admirer la légèreté en avance, il chante à corps perdu, si lourdement, si lourdement, il s’effarouche et recommence et se pose la question de l’ordre de la marche, dans les murmures : l’abandon.

Le cœur pressé de joie et d’impatience, il regarde et tourne au soleil, les oiseaux, tournent et interpellent, tout est posé légèrement dans l’air, les oiseaux volent, les hommes avancent, ils sont sans inquiétude, ils œuvrent où leur destin les a conduit, ils sont oiseaux et tourbillonnent et ils sont en bas et rampent, le cœur dans la terre, les yeux au ciel, au ciel.

2 Mars 2009.

1 commentaire:


  1. L’œil du ciel se referme sur le saut de l’ange, ses ailes de soie glissent sans bruit et déposent des reflets d’or sur le front de la terre. On entend les chuchotis de l’air, chevalier errant à l’instar de nos songes.

    " Les oiseaux sont posés sur l’air"… une étrange émotion m’envahit. Des oiseaux en suspension dans le temps, emboîtés, si près, si près d’eux-mêmes qu’ils ne font qu’UN. Un seul, un oiseau pluriel, oiseau du ciel aux racines silencieuses à la croisée des chemins. Sphinx intérieur détendeur de l'énigme, harcelante question, question sans esquive, voix silencieuse qui exige la lumière.

    Le rire, le silence, et la grâce du ciel.

    Le cœur de l’homme est un oiseau gorgé de joie et de soleil, un mot d’air pur qui habite le ciel, un enfant qui respire par-delà le couvercle des nuages, et qui retient ses rêves en un essaim d’abeilles.

    RépondreSupprimer