jeudi 13 décembre 2018

Les corbeaux sont en avance.

En fuite, il enfante et le jour et des nuits de courbatures, un présent de cailloux, des émotions si fortes, du blanc sur les draps, sur le sol. Il a du rouge à retenir, de la brusquerie à défendre et des sentiers à ramer pour entendre : la chanson des bateaux qui passent, des amours qui défilent, des oiseaux sous les branches, des souvenirs, des souvenirs pour croire encore et prendre un bec dans le cœur, à l’échancrure, du rire sous le sel, des ors et des fleurs sur la table, dans l’air.

La terre est en chantier, les soldats meurent encore, ils sont perdus sous les voiles noirs, ils pleurent, leurs mères cachent les armes sous le salut, sous la candeur, sous l’oriflamme, sous le pied qui roule sur le caillou. Les soldats meurent encore, les femmes pleurent, les corbeaux sont en avance, ils se poseront au sol, maudits, au sol tremblé, à la rupture, sur le sable, dans l’air du soir, sur les hauteurs, sur le devant, à l’aventure.

Ils se poseront les corbeaux, ils feront pleurer, ils feront taire les parleurs, les croyants étoufferont sous les branches, sous les plumes.

Les soldats meurent encore, loin au loin, sous le sable et l’ombre, sous le brouillard et sous le flot, si dur, si dur, des mots et des injures, ils filent et se tordent sous l’outrage, sous le vent, dans le brouillard des sentiments. A l’échancrure le voile est tordu, le coffre est ouvert, ils pleurent et se retirent, ils meurent un par dix, toujours et attendent les corbeaux du soir.

Il avance à l’horizon, il pleure encore et se tourmente, où sont partis les compagnons, la bête meurt et recommence et ils se taisent sous les branches, ils sont tordus, ils sont courbés, ils se répandent sur le sable, les os broyés, les os creusés et agités, ils se répandent, ils enfantent un ruisseau, ils sont tordus, ils sont broyés, ils sont noyés de plumes et de griffures, ils se répandent et coulent sur les yeux, les mains, les femmes balancent, toujours, encore, toujours, les berceaux des enfants sans pères.

Ils sont perdus, ils sont noyés, ils recommencent et tous racontent, le feu, le sang, la liberté, les orages, la fortune. Ils sont perdus, ils sont noyés, les femmes pleurent, les enfants jouent et les corbeaux avancent.

19 Août 2008.

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