jeudi 27 décembre 2018

Il est sur le sable.

Comme il ferme les yeux, comme il trouve, au soleil, sur la plage, un peuple médusé, des rires en escalier, des rafales, il faut inverser et tenter de comprendre.

Une génération de pensées en avance, le clair, le doux, le tendre et le plus incertain, il est en avance et dérobe là le temps, sur la plage meurt un peuple en partance, un espoir, un sanglot, une frêle raison.

Il se dérobe et pose sur ce monde un regard perdu, un frisson le saisit, il se traîne et glisse sur le sable les pieds endoloris, le cœur effrayé, il tente et espère et défroisse le monde rond, le clair, le temps perdu.

Il y a en avance une grande clarté, un petit pas de plus, un pas en arrière, sur le ciel sur les yeux, il se dérobe et chante et défroisse la peur, une part de soleil, un retour de chantier, il éclaire le reste et donne au martyre un peu plus d’attention, il se déploie et il accroche au vent des rubans, des sarcasmes, des feuilles aiguillées, des fleurs en couronne. Il se disperse, donné au bout de l’aventure un monceau de cailloux, des pieds et des mains, arrachés, écorchés et rompus sur le sable.

Comme il a fermé les yeux, tournent les manèges et frémissent les doigts et palpitent les sens, la chaleur sur la peau est-ce bien la dernière, est-ce le retour des émois, des tensions, le pli est maintenu, la voile se dérobe, ils sont encore à naître les plus petits enfants, la chose si précise, le rien sur le devant, les cailloux dans la main, les cœurs absents sur le fil au séchage : ils sont encore à naître tous nos petits oiseaux, ils passeront par là et ils l’enchanteront et ils prendront le temps et la ficelle, il faut tirer au bout pour entendre la joie, pour déverser le charme des heures tendres sur le premier berceau, sur le dernier instant.

Ô informe, ô sans cœur tu dérobes mon âme et tu me fais frémir et je crois en ton pas, il écrase, il chevauche, il rend aux inquiétudes, il meurtrit et il ferme sur moi toutes les portes, la vérité est nouée sur mon cou, sur mes lèvres, je veux sans trembler tenir entre les doigts les graines de la joie, les ferments du ravissement, ô temps, ô rire incontrôlé, ô inquiétude, tu déverses en moi ton amertume noire, ton cœur et ton odeur et ton plein sur le temps, un pied tendu, un pied en marche, il écrase et broie sur moi un monceau de peurs et d’espérances et des fils, de soie noire, enlacés.

Tu y reviens toujours, et les fils te balancent au creux incontrôlé, aux dimanches de fêtes, aux enfants dans la cour, à la peur discernée, reconnue et nommée et ne dis rien sur leurs outrages et sur leur force dure.

Il est en cet instant un éclair, un petit pas de côté sur le sable, il traîne après lui les cœurs endoloris, il se défait de tout et broie sur la campagne un éclat de ciel bleu, une raison d’amour : l’aveu est incertain, les dires improbables, ils se défont de tout et ramènent l’angoisse et tirent sur les fils et déteignent le noir, il est enlevé au ciel, aux oiseaux, le noir vole sur terre et le chiffon perdu essuie à l’horizon une bouche ignorée, un éclair sans malice, une présence à peine évoquée. 


Un vol perdu, une trace immense, un endroit entendu, une force sans droit, il est en se penchant, une absence un remord, mieux dire et mieux comprendre et définir la vie et combattre le mal, et défaire une à une les sangles de la mort sur le corps assoupi, sur le cœur à entendre. Il est sur le sable et il ferme les yeux et la vie se bouscule sur le terrain si chaud, et le cœur se rassure à suivre par derrière le vol des oiseaux rouges qui ont chanté en l’air.

3 Mars 2009.

1 commentaire:


  1. Dans l'air si doux
    et si frais du matin
    enfin le cœur s'apaise
    après un dur combat dans l'ombre

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