mardi 11 décembre 2018

Il est en retard, je suis en avance. II

II

Sa vérité est un refuge, sposa, son disprezzata.

Je suis venu et il n’est pas là, encore l’attendre et sans trembler, espérer et reprendre, il faut un tel abandon, pour oser le suivre toujours, sur le front, aux avant-postes, la seule chose à faire, attendre, il reviendra, je suis parti, je suis revenu, et je l’attends, il se moque et il sait : un autre lui-même l’attend, il est fort et couvert de lauriers, le regain, la gloire, la victoire.

A la nuit nous nous servons dans la fraîcheur, et s‘il dort, je ne l’attends plus, il est là, nous y sommes tous deux, dans le serein, il est l’heure, les draps ne collent plus, j’ai attendu, il est là et tout dort. Entièrement soumis, il ne sait où attendre, il ne sait qui, et je sais quoi, j’ai attendu, il est venu et je suis là, aux avant-postes, j’attends et il est sur un monceau de cailloux, dans le temps chaud qui passe, tout se passe, je l’attendais, je ne l’attends plus, je suis servi et il se soumettra, il est au refuge, il sert les autres et il me délaisse, sa vérité est un refuge, je suis calé dans l’ombre et la fraîcheur, il est au grand soleil et je suis affamé, il tient sa main et je le veille en tous points, je lui murmure et j’admire, il est au front, il est partout, je suis de la cave et du grenier, des endroits retirés, du monde, au monde, loin de tous, sans un regard, sans une caresse, ils sont à abandonner.

Je les fuis, je n’attends rien d’eux, ils sont loin et le dévorent, il est offert et il me tourmente, où finiront nos jours, il me dévore et je suis loin de loin, au loin, pour loin, il est dévoré et dévorant, il est à perdre parmi les cailloux, il est à suivre dans les herbes et à rouler, autour du mat, dans les cordages, il est parti et ne rentre pas, il est abondance dans le regard des autres et il me perd et je respire, il est parti sur le chemin, laissant à droite, les moulins et j’ai marché du plateau au jardin. Il est loin, je suis seul et je me tourmente, la vie est en alerte, il faut survivre dans cette abondance, il m’a laissé, je suis parti, il est loin et je suis rentré, la vie est ouverte, le jardin est calme et pour un rien je dormirai, je rêverai, de calme et d’ardeur et de désir nouveau et sans fatigue.

Je suis là, il n’y est pas, où sommes nous, où sont-ils, il est en retard, je suis en avance, je joue et je tourne et je précède la construction, j’en suis rendu, j’en suis à mon dernier voyage, il ne sait rien, il m’oublie et bientôt il m’appelle, sa vérité est un refuge et je rêve du désir nouveau, les muscles n’y sont pas, la sève point, il est un rêve.

Une maison, la force y conjugue l’art et la précision, sa vérité est un refuge et les doigts s’enfoncent précisément dans la chair et tournent la peau, il faut attendre, il faut veiller, il est auprès des autres et je serai servi après. Une maison, un jardin, du temps, la peau est nouvelle, le teint est mat, ils se cherchent, ils s’attendent et il viendra, il est toujours venu.

06 Août 2008.

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