vendredi 28 décembre 2018

Il est broyé.

Un rouge immense envahit le sentier et ferme le jour et ferme la marche, il est repenti et perdu, il enferme dans son œil l’ombre descendue, il respire le soir et choque l’attente sur ses dents. Emporte-le bien loin, emporte-le bien haut, vent qui déchaîne et broie, il est à aérer, il lui faut respirer, le souffle est court, la marche l’a fourbu, il retient dans son cœur le reste de la vie, une moitié de peine, une remise sur le du, il prête et engage et son nom et son âme.

Il respire plus fort, il est broyé de larmes, les oiseaux le harcèlent, le temps faiblit un peu, il est à genou sur les pierres dures, il est perdu dans rien, il respire plus fort. La volonté le tient, l’espérance le mène, le rouge a envahi sa vie et son ardeur. Il renouvelle la sienne. Il racle le fond du sac, il effiloche ses habitudes, il est rendu au loin, il renonce bientôt. Un carré tient la route, le carré le renverse, il franchit en deux pas, en deux pas, un monceau de ruine.

Il cherche des cailloux, il trouve des gravas, il cherche pour caler les murs de son jardin, il construit des erreurs, il poursuit des fantômes, il arrache une herbe, il trousse un tour de main, il définit la peur, il engrange l’orage, à corps perdu, à cœur à l’aise, il défend au sommeil de rendre son arrêt, la mort le cueille au détour du sommeil, il mêle sans cesse le vrai et les mots perdus. La chemise bat son flanc, la ceinture perd son poids de volupté.

Il arrache au sommeil des herbes, il retire une à une des pierres au chemin. Il avance et se noie et résiste, la mort le cerne, il tombe dans son sommeil, il se noie et refuse, il chute dans le noir, le cœur au bord du toit, il berce sans trembler ses illusions secrètes, il change à tout moment son bâton de la main à la main, du temps au temps, il fredonne et renaît et recommence, chaque pas est une naissance et chaque jour le mène au même endroit secret.

Il franchit en pensée le pont, il va attendre, il franchit et s’arrête et il commente encore la marche, le pied tordu sur les cailloux, les chemins tournent, tournent autour de son refuge, il étrangle toujours dans sa mémoire un mot, un son, une pensée perdue dans le rouge immense, il pénètre le vide et rend au très haut un culte et un hommage, inutiles, inutiles. Le jour ferme le temps et ouvrira la nuit, le rouge est plein, il est essoufflé, perdu.

Les illusions secrètes remplissent son courage, teintent son ardeur, et de rage et d’orgueil et d’attente blessée et de verdeur fanée, la vie coule de ses doigts, de ses doigts, il s’essouffle et contemple, le rouge, le rouge, la fin du jour, le premier soir, le silence venu, les oiseaux le harcèlent, il est perdu, il est fourbu, il retire une à une les épines à ses mains, les herbes dans la pente, il veut croire et revivre et porter l’avenir et défendre plus son extrême silence.

Il est fourbu et écrasé, de rouge et de soir venu, de silence et d’attente.

3 Mars 2009.

1 commentaire:


  1. Il cherche en vain ce qui lui file entre les mains. Les anges sont aux abonnés absents. La mort rôde et l'attend au détour du chemin. Il gratte, il avance, il persiste, il recommence, multiplie ses efforts et s'étonne de sa constance.

    Il sombre chaque jour dans l’ombre du néant. Il tombe et remonte sans cesse, le cœur en sacrifice, colombe poignardée dans l’écrin du ciel.

    Dans le rouge de son cœur broyé un peu d'amitié, un fragment de rencontres d'hier, et une pincée du secret que seuls les anges sauront décrypter.

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