vendredi 21 décembre 2018

Il effleure la raison.

Il avance au chant levé, au terme confondu, à la peur écartelée, il espère et reconnaît et tourne sur lui et se défigure, il tend le poing au soleil, les yeux dans le vent. La fortune est intense, il se perd et arrache au ciel clair un baiser, une aventure et un lendemain. Il est sur le chemin et disperse en lambeaux ses idées et ses larmes et le repos perdu et la maison cherchée.

Il est éreinté et ravi et il court sous l’eau tiède, il efface encore plus loin et plus haut le sourire, le reflet, l’accord perdu et plaqué : sa guitare est en ordre, il effleure le temps et dérobe un sourire, un rire reporté, une caresse. Le doigt perdu, la raison morte, il effleure et reprend et donne au ciel un regard, il se confie et chante aux oiseaux le retour, aux enfants le repos.

Il est aveugle et sourd et rien ne le retient, il se pend aux nuages et il écorce les haubans, il refuse et il avance à la nage sur l’eau, sur le dedans, vers le retour du calme et des gens, des riens en file, en clan. Il avance sur rien et tire la besace, il offre au ciel un cœur penché, il effleure et tend un ruban, un galon, une figure, il compare, il entend, il rit et recommence.

La vérité frissonne au bout du cœur, tend un piège et gobe la déraison, le charme inquiet, la violence sans sujet, le report sans alarme, il est tendu, il est masqué, il dévore et reprend des herbes et des lois, du temps pour les fendeurs, de la surprise pour chacun, ils se reconnaîtront. Ils chantent dans l’ombre pure, le froid s’en vient, le froid s’en va, il contemple la raison.

A toute allure, il donne et il reprend et il étale sa richesse, de mots perdus, de mots trouvés, de lune vague et absente, il apparaît au jour, il démêle le temps, il commence une nouvelle histoire, il est perdu et sans passion, il avance et tout recommence : le sanglot, le destin, la course folle dans les branches, il tire un lien à rompre, une histoire de tous les jours.

Un temps penché un temps perdu assoiffé et fourbu, il dévoile son rire, il enchante le rien, il dévoile son jour, il éblouit l’azur, il domine le monde, la sphère et les pendus et les oiseaux qui volent, il défait et emmêle et coupe du tranchant de l’ongle des brindilles et tire sur le temps et verse un grain, puis deux et verse au sol le grain sec, la farine le vin. Il engendre.

Il termine et il donne, aux yeux des cailloux noirs, aux oreilles, aux mains, aux pieds, du foin. Il défait la ceinture, il commence et se noie et il tire sur l’habitude. La fin du jour, le ciel est clair, le vent se tient sur les ombrages, il effleure la raison, il a froid, il chante dans l’ombre pure, il n’a rien, il effleure le temps, un rêve, un cœur, une certitude : la folie, l’habitude.

23 Février 2009.

1 commentaire:

  1. Repos des enfants en ces soirs qui s'allongent, remue-ménage dans le ciel, paysage sans limite par-delà l'horizon, sur les eaux, sur les berges, et l'envol des oiseaux.

    Il avance, il chante, il rit, il ouvre ses bras au ciel, il effile les nuages, et écosse les gousses de pluie, il en extrait des graines qu’il jette dans le vent, il essuie son front du revers de la main, et recommence. Il avance, il chante, il rit, il ouvre les bras au ciel, il effile les nuages, et écosse les gousses de pluie, il en extrait des graines qu’il jette dans le vent, il essuie son front du revers de la main, et recommence, il avance … … …

    Il engendre le monde dans une lumière noyée, entrelacs de mémoire et terreau de l’histoire. Il engendre le monde dans une lumière griffée, sillons de la terre où le grain va lever.

    La corne d’abondance regorge de fruits, de lait, d’eau du ciel et vin de la terre. Il est nu, dépouillé. Il est libre, riche de connaissances. Il effleure le monde, il effleure son âme et prend la clé des champs.


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