samedi 15 décembre 2018

Une fortune à lui seul.

Il prend sur le coté et traîne sans couronne et recoiffe et regonfle le cœur et les cerceaux, il faut rendre et couvrir la larme, l’œil est aveugle et son corps est si lourd, si malhabile, si enfoncé dans l’azur, le ciel est à l’orage, le cœur est ébloui, il porte un ruban, il défait une corde, il respire si loin, il entend si fort, si et si et si.

Il se renouvelle, les nuits sont calmes et le cœur est à l’aise, son silence est muet, le cœur respire en force, il défait un à un les charmes et les temps, il combine, la direction est lente, le pas après le pas, le cœur enrubanné, il compte sur le sol les grains du sable, il est ancien et posé, il se retourne et claque sur la jambe : la canne est enfoncée et heurte le brasier.

Il est fondu dans l’un, il est pétri dans l’autre, il heurte le ciel même du grand heurtoir des anges, il compose une attitude, il enfante le ciel, il reprend la saison, il est une fortune à lui seul et aux autres.

Il commence à peine et sert de l’eau sur les habits, du lointain il coupe la parcelle, en dentelle le nord, il combat les cailloux, il est parti tout seul, il rentre, il est multiple, il défait un à un les brins du chanvre clair, il arpente en rêvant les sentiers et les flaques, il tourne sur lui seul et décompose l’air, il chante en appuyant là où il faut peser et il engrange enfin le blé des éprouvés.

Il est rendu au ciel, il tend sur le revers de la main une goutte de sueur, de salive, du bien compté qui pèse et renouvelle, il est parti tout seul et il revient centuple, défiguré en haut, retourné sur le tas, il enfonce au ciel bleu un œil qui déboutonne, qui ouvre le cerceau et rebondit, la balle sous le pied, le poids des ans sur la charrette, il avance en rêvant et ne donne rien contre.

Il ne donne rien et rentre et regarde souvent et dévore la vie, il effleure la main, il toise les enfants, il est seul et sans trace et sans rien sur le dos, sur le cœur, un flot, un flot de rubans pourpres, bien lisses, bien serrés et rendus aux honneurs et découpés dans la vie, dans la transe, dans le regard chéri de ceux qui aiment et multiplient, il est en avance sur le sentier mouillé, sur l’herbe encore verte, sur le pas de la porte.

Il se déplace au ciel et reprend la servitude, il faut, il faut, et penser et donner et tendre sur les eaux un bras, un pied, une canne pour fendre et couper le silence et le jour, pour tordre sous le pied les branches trop humides, le feu ne prendra pas encore, il faut sécher.

Il enfonce la pointe de la canne dans le sable ancien, longtemps posé, longtemps moulu, mêlé sur le chemin, prisonnier entre les pierres fendues et éclatées et jetées sous le pont et il répand sans rien une fleur, un mystère, une écriture lente longue et rebelle.

Dans l’avenir, au soir, il penche sur le sol, il compte le sable, il perd sans y penser la soif et la lumière, il est en avance, il compte chaque grain, il défait le mystère.

29 Octobre 2008.

1 commentaire:

  1. Et s’il tirait le ruban pour défaire les nuages et les larmes du temps. Et s’il essuyait l'orage au coin de l'œil du vent si furieux, si obstiné à gonfler le cœur des enfants.

    Il enlace le silence par-delà les nuées. Les portes du ciel s'ouvrent en un sourire immense. Il est beau, il est grand, il est heureux, il est poète et chante les saisons. Il pose côte à côte des mots qui laissent rêveur : " il enfonce au ciel bleu un œil qui déboutonne".

    Il frotte et gratte des lambeaux de cendre tombés sur le chemin. Il est seul sous ses rubans de gloire. Il est seul, mais il sait qu’au bout de sa marche là-bas des enfants au regard pourpre laveront sa robe de poussière, et tresseront ses cheveux. Il sait que là-bas dans ce tourbillon de vie l’herbe est encore verte.

    Il coupe un pan du silence, s’en fait un manteau de pluie et s'en va traverser le jour avant que le monde chavire.

    Il laisse couler le temps dans l'air du sablier, la pensée au repos dans le paysage, il peigne et coiffe les cheveux du ciel. Il est heureux et embrasse le soleil.

    Il prend, il renouvelle, il fond, il commence, il rend, il donne, il déplace. Il s'enfonce dans l'avenir, et tire sur le fil de la pelote rebelle pour défaire le mystère.

    RépondreSupprimer