dimanche 9 décembre 2018

Ils sont posés. Ils ont posé. Ils sont rois. III

Ils sont rois.

Car, là, ils sont , et là, ils sont venus et ils franchissent le ruisseau, un bras de fleuve presque sauvage, depuis mille ans, depuis toujours, on jette sur les eaux des pierres rondes, des pierres plates pour calmer le courant et faire une chaussée pour les rois. Ils avancent, en tremblant, sur les marches, le pied mouillé, serrant sur le cœur les outils du commandement, les souliers et le drap.

Sur le cœur ils serrent et posent un pied après l’autre sur les cailloux, il faut franchir ainsi la rivière pour continuer le passage, il faut franchir les fleuves, il faut croiser et avancer pour conquérir l’espace pour ne pas être d’un seul côté. Le pied se retient sur la pierre, le pied hésite et se reprend, il faut avancer et garder sec, le cœur et le drap, il faut avancer pour conquérir l’inutile.

Tout est passé, il faut comprendre, les yeux posés, les pierres retiennent, l’eau est calmée. La brisure chante, les gouttes rêvent dans l’air le flot incessant. Depuis mille ans, depuis toujours la même goutte est suspendue sur le temps, sur l’espace, dans l’air, dans l’air. Mille mains, mille pieds ont étendu cette couronne, le poids des âges sur chaque pierre est avancé.

Ils sont rois ceux qui franchissent, ici, cette rivière, si loin, si près.

4 Août 2008.

1 commentaire:

  1. Ils sont rois, humbles et serviteurs, rois de cœur. Ils avancent sur des chemins neufs, sur les sentiers du monde qui longent les rivières. Ils sont rois de silence. Ils sont la fraîcheur du souffle qui subsiste jusqu'à l'infini. Ils sont.

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