samedi 29 décembre 2018

De brouillard simple.

Voilà, il plonge, au ciel penché, dans le brouillard, les gouttes sur le bois. Tout va gonfler, tout poussera, tout fleurira. Il semble encore, il semble encore y parvenir, sur le bois mouillé, sur le cœur assoiffé, il semble s’y rassembler, il est sur le plus haut et tombe de l’eau tiède sur le bois mort, sur les carreaux, sur le temps petit et avare, de la coulure, du rien, tout en avant, il fleurira sous le soleil ce bois perdu, ce bois penché, écrasé de brouillard clair. Le meuble en bois mort et en poussière de temps passé, le meuble pourra-t-il fleurir.

Il est posé sous l’eau qui tombe, il est perdu pour la maison, la gorge pure se resserre, il est perdu et sans frisson, sans rien autour, sans rien dedans, sur le pavé, il glisse et tremble, il fleurira, il sera vert, il pourrira sur les pavés.

Après la confusion, le renouveau, la mort, la vie, le bien et le sarcasme, il fleurira, il est pourri, il moisira sur le pavé, il est au bord, il est trop haut, le brouillard tombe sur les fleurs, sur la terre, sur le chemin, dans le cou, sur les épaules, il pique aussi un peu le nez, il égratigne la tête, il reprend sur le bord du toit, les oiseaux penchés en attente.

Il plonge, il a plongé, il secoue fort les branches, les gouttes volent sur la main, les feuilles sont poudrées d’attente, le temps séchera-t-il les pleurs. La pauvreté par ici moissonne, le temps séchera-t-il les pleurs. La nuit viendra sur les oiseaux, sur le cœur, sur la remontrance, sur l’échancrure entre le cou et le coton, la peau à nu frissonne et s’ouvre, les erreurs glissent et se prennent entre les doigts, sur la poitrine, le brouillard accroche le jour, il frissonne et se retire, il reprend vie et il attend.

Il est penché sur les souvenirs, sur le repos, sur les absences, sur le temps perdu et fini, sur la terre gorgée, d’eau, de trouble et de manque, d’erreurs fatales et de cerceaux.

Il est prisonnier sur le pavé, sur la terre mouillée, sur le ciel gris de brouillard trouble, sur la certitude du mal qui vient, qui va, qui retourne le chemin dans un autre sens, dans la confusion, dans l’errance. Il est perdu et mouillé, les gouttes glissent sur la tête, sur le corps presque trop vêtu, couvert de coton, les doigts pleins de terre et d’amour et d’attention pour ce qui tourne autour de lui, autour des autres, autour du vide, autour du toit, la maison coule sous l’averse.

Il est rentré, il va, il vient, il est mouillé de gouttes claires, de doute et de fatigue, de rien en haut et tout en bas, il a sorti, et sous la pluie et sous le brouillard, le bois mort, le bois perdu, les meubles trop vieux, trop absents.

Ils sont souvenirs et regrets, ils ont trop vu et si peu parlé et tout senti, les bocaux et les horloges, la vie qui bat à la seconde, le mal rentré, le mal perdu, les enfants effarouchés et si tendres, il a plu, il pleuvra, il va pleuvoir, ils vont rentrer. Les horloges battent la seconde, le brouillard respire encore. Les bocaux, de verre et d’orange et les meubles secs et morts, ils ont vécu, ils ont grandi, les enfants les comptent entre les gouttes, dans l’étincelle, dans le doute, d’un coup d’œil en avant, en arrière, le bois est mouillé de brouillard simple et d’impatience.

4 Mars 2009.

1 commentaire:

  1. Il se retourne sans cesse, se retourne et se penche, se penche et s’épanche sur cette histoire d’hier qui n’en finit pas de se perdre dans les méandres du temps, dans les abysses de la mémoire, et les entrailles du monde.

    Des jours clairs ruissellent sur le bord du temps, tel un ruisseau tranquille vêtu d’ombrages et de reflets d’or. Fragment d’une destinée, d’un temps révolu. Les souvenirs prennent place dans le creux des mémoires, et se nichent dans un passé qui doucement s’écoule dans les limbes d’un présent silencieux.

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