vendredi 7 décembre 2018

Ils sont posés. Ils ont posé. Ils sont rois. I


Ils sont posés.

Comme sur un sentier, ils se mènent jusqu’au val et là, les rayons moussent, le ciel est posé sur l’herbe verte, ils sont seuls en ce monde et posent au ciel des regards pleins de cailloux. La bouche en feu, le ciel sans nuages, ils se posent sur le sol vert, ils foulent l’herbe et écrasent la vie, la vie. Ils se donnent et se reprennent et foncent dans la chanson noire, ils sont à terre et ils se posent, les pieds dans l’eau, les pieds dans l’eau. La confiance dans le cœur qui bat, dans la poitrine qui se creuse et maintient et secoue l’air dans les cotes, les espaces verts, l’eau coule entre les doigts, au milieu du vallon, au milieu de l’eau, les pierres sont une marche, un roi y pose le pied, le corps soulevé dans les airs, la peau tendue par la fraîcheur, les reins creusés par l’attente, ils sont en avance sur l’eau et rêvent seuls de solitude encore, de frissons sur les reins creusés. Debout sur l’eau, ils avancent sur le chemin de pierre jonché, sur l’avancée du rire aux larmes, les rois avancent sur leur pavé, sur la chaussée, ils sont géants et emportés. Sous le pied, sous la langue, le corps est posé sur les eaux, ces dieux avancent, ils glissent sur le pas d’eau et d’éclats et de gouttes qui volent, ils sont posés sur un pavé de marbre couvert d’eau, d’air qui glisse sous la peau.

La terre pose un fardeau sur leurs épaules ils se tiennent sur le côté, ils enlacent le point du jour, la lune en croissant blanc, pâle nuage fleuri au ciel et ronge les cailloux sous leurs pieds nus, ils glissent et avancent, ils sont éveillés de chaleur, ils sont consumés de toujours glisser un pied sous l’eau pour vivre encore dans l’espérance, pour arracher au sol une fleur de fraîche senteur, un éclat de glace qui fond, une rayure de soleil sur la peau nue, sur la peau nue. Les branches griffent, les feuilles tombent parfois dans le tourbillon, ils sont posés sur les marches de pierre, les pieds dans l’eau, le regard clair ils traversent et reviennent, le pied glacé glisse sous lui, ils se posent et contemplent au loin la courbe de cailloux. Ils ont marché sur le tapis du triomphe, les gouttes volent en eau d’éternité, depuis mille ans, depuis toujours les gouttes d’eau s’envolent sur les cailloux, ils se glissent dans cette histoire, le corps tendu, le corps perdu, depuis mille ans, depuis toujours des rois franchissent ce ruisseau.
 
4 Août 2008.

1 commentaire:



  1. Les nuages courent à l’horizon, frôlent la surface de l’eau et soufflent l’air dans les yeux du ciel. La corne de la lune tombe dans l’eau à l’endroit même où les pieds des rois ont foulé le ruisseau. Un prince est né qui sera foudroyé.


    RépondreSupprimer