lundi 5 novembre 2018

Comme un art poétique.

Et pourquoi, tous les jours il chante et cherche le frisson, pour entrer, pour en sortir, de quoi, de tout, de lui, des autres, de la certitude, du repos, du souffle, des mots sur de l’air, du temps dans un bocal, de la fureur, de la peur, pourquoi remplir, combler, assurer, et recommencer toujours, et toujours retomber ou bondir, sur le dire, sur le faire, pourquoi, pour lui, pour qui, pour eux et tous les autres, pour fendre et insérer dans le temps du souffle et de la respiration, et regarder devant, et regarder en arrière, sans se défendre, exposer et tordre les idées et les genres et les temps et finir du passé au présent, du passé au présent, pour élever, élever et déposer, sur le sable sans apprêt, un récit lancinant, un dit permanent.

Il en fait usage et abuse, du retournement sans anecdotes, presque sans mots sans pensée, l’intérieur vient à la surface, les bulles montent, et là il faut le dire, et il faut le faire, le monde révélé, recommence. Il faut construire et offrir, pour rien, pour un instant, pour peu, pour pas grand-chose, pour ne pas en finir, pour donner du fil et le tordre et le retordre.

Dans le feu les vieilles lunes se décomposent, il se construit et il ne sait, si lui ou le reste, accueillerons, reconnaîtrons et oserons, la main tendue, la main tendue, sans repos. Il se perd et répercute et défriche, le sol de sable n’est pas apprêté, n’est pas mordu et rien ne sera ni rendu, ni avalé, rien sur le doute, rien dans l’espérance. Le frisson est pour l’avenir, pour le vide et pour la passion mourante et sans contrôle et sans acquis, sans recours, sans secours, sans ossature, la forme vient et disparaît, les doigts s’enchantent et il se donne du mal et des éclats, du mal et du frisson sur rien, pour rien, pour quoi.

Le juste et le rare et le merveilleux, à la recherche du trésor, dans l’espace, dans le si petit espace où il se perd. Il enchante sa vie et reste sur le bord, sur le vide. Le bocal au frisson s’agite et il contemple, il cherche et défait et bien sûr, il recommence, le temps n’existe plus, la vie avance et recommence et il tourne sur le dos, sur la tête, sur la figure en construction. Sur ce chantier, il est en boule, il est perdu et il avance et il construit et empile pierres sur cailloux, sans fondations, l’air circule.

Le retour et la lenteur, le sacrifice, il arrache sans un cri les mots les uns aux autres, les phrases entassées, la logique est absente, les réserves faiblissent, il est épuisé de rien et du reste, il avance en soufflant sur les braises d’un feu d’herbes mouillées, de branches arrachées, sur le tas il fonce et découvre, les uns, les uns aux autres, les portraits, les paysages, la vanité et les reproches sans gloire, dans la fatigue, dans la lassitude, il approche et renaît chaque jour au même monde, à la même passion, aux mêmes doutes, au temps perdu, au temps caché.

La musique est mourante, les erreurs sont répétées, il nie les évidences et s’accroche aux certitudes, le feu a noyé les frissons, les herbes mouillées se brisent sur sa gorge, le souffle est court, le souffle est court, il supporte tous les outrages.

Il dit qu’il avance et il ment, l’espace est toujours même et toujours là, et il s’accroche aux fils perdus, la mémoire en lambeaux, les artifices, il bondit et tourne, sa cage est primitive, son allant est en flamme, il cherche et fouille dans le feu et il avale la fumée à pleins poumons, la fatigue, la lassitude, il reste sur le bord et ses yeux coulent en larmes amères.

Le reste est suspendu, brûlé, noyé, ôté, sans calcul, le monde s’impose, les oiseaux chantent, ils arrachent une à une les feuilles du rosier, le temps coule, le temps sera noyé, le temps pleure sur son jardin.

Il faut tout dire, et tout remonte, bien caché, et nul ne sait le lire ou l’écrire, les frissons sur le cœur, la charpente posée sur les murs, le toit troué, il passe la pluie et noie le désordre. Il faut compter un pas de plus, une ornière à sauter, un trouble dispersé, une aigreur oubliée. La vie recule, les mots se pressent sur les lèvres, les livres tombent des mains, la fureur empoisonne le moment, entre hier et demain ici et maintenant.

Il est seul, il ignore le champ frémissant et joyeux, les images bousculent l’âme, les frissons cernent la raison, il se penche sur le jardin et voit le feu des herbes noires, des herbes noyées d’erreurs et de sursauts, saisies à pleine main, les doigts éclatent, la peau saigne, les erreurs sur le champ, les fautes, le péché, il n’en revient pas de ce brouillard de fumée âcre, il pleure aux yeux des larmes amères, des reflets de noirceur et de temps perdu.

Il est resté dehors et dans le temps et perclus de lourdeur et de crainte, de poids tendus et de silences fiers. Les mots entassent les malheurs et se perdent au feu des herbes noires et mouillées. Encore un pas, encore un bond, il faut entasser les mensonges sur le feu et pleurer, pleurer, larmes amères, larmes salées, le temps s’efface, dans le brouillard de feu mouillé. L’écho, le reste, la fin, le temps se tourne et se retourne, et une main saigne et un poids brûle sous les herbes broyées.

11 Avril 2008.

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