mardi 6 novembre 2018

Ils se donnent.

Leurs yeux transpercent et pèsent, leur ombre, leurs cris et la distance, sans haine, mais sans joie, sans joie. Les agités, les moqués, les incompris, se penchent et donnent et donnent.

Ils se donnent et affrontent et espèrent et tout les suit et tout les enchaîne, leur vie au crépuscule, leur retour au soleil, le matin, le soir qui suit et la tourmente, sans repos et sans joie. Ils se donnent et recommencent et disent et font et retouchent, il leur faut nettoyer et ceindre la taille de chiffons rouges. Le mystère, le mystère, sans passion dans l’étreinte, dans l’obligation.

Ils défont et déposent et on retient au jour un éclat de volonté, une marque de crépuscule, du rien sur les murs, de la bienveillance pour leurs âmes, du repos, mais sans joie, sans joie. Ils sont à l’opposé, ils sont de l’obscurité et ils chantent sans fin des hymnes de tendresse, des prières pour leur soif, du courage contre l’éreintement, du facile et du compliqué, la peau sous les doigts.

Ils se donnent et font, ils percutent et signent et posent sur le fil au temps perdu, au temps compté, ils posent sur le fil, des brassées d’évidences, de pesantes saveurs, du fiel recommencé, du dire, du faire, du trésor perdu, du vide et de la fureur sur l’âge. Le bleu, le rouge, les hoquets, la vie étouffe, ils se donnent et tout les suit, sur rien, sur le dos, sur la peur, dans le coin, loin, au loin.

Sans mesure, entravés, sans repos et sans joie, sans joie, ils se défont de tout et ils suivent la pente, et ils suivent le fil du temps, vers les cailloux et les cailloux les tourmentent. L’affront est bien, qui donne au mal la raison. Les fleurs embrumées, les rais ardents du soleil pour les ombres, de la vie sur le sens, du tout pour oublier, ils engrangent et commencent au matin.

Ils marchent vers le soir, leur fardeau est bien lourd, la chair est bien pesante, les efforts, ils tournent sur leurs pieds et ils relancent leur avance. L’ardeur à consumer, ils se chauffent au ciel bleu, dans le rouge du temps, dans le calme sans rien, sur le dedans des choses, dans la respiration, sur le bord du chemin, dans l’attente. Ils sont perdus et ils se noient dans le bleu, dans le rouge, dans l’air.

Abandonnés, dans le silence, dans la vie, ils se perdent et ils attendent et le matin les renouvelle et le soir les déçoit dans le sommeil sans joie, sans joie. Ô, refaire le chemin, ô, faire le tour du temps sur un pied, sur un œil, sur un souffle, sur un brin de fil bleu, sur un brin de fil rouge, sur le passage entre le plein et le vide, chanter, ils chantent sans repos et posent le pied.

En tremblant sur le bord, sur le retour du soir au matin, ils sont perdus et pleurent et déposent chacun leur poids d’incertitude, le silence, ils ont donné au jour leurs plus grandes raisons, ils sont perdus et choisissent d’attendre, le jour toujours nouveau, le soir toujours permis, dans l’ombre, dans le mal, dans la stupeur, ils sont à l’ombre du naufrage, dans la peur, dans le temps.

Au silence, dans la douleur du monde.

14 Avril 2008.

1 commentaire:

  1. Dans ce temps de l'attente où l'espoir se cache sous les feuilles, demain apparaîtront de jeunes pousses clandestines qui refleuriront le monde.

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