jeudi 22 novembre 2018

Je frissonne.

En entendant le vent sur les rochers, le vent sur l’herbe sèche, je pleure et je frissonne et je me meurs. Il fait chaud sur la tête, il fait froid sur le cœur, les images brouillées, les enfants tendus sur la terre, il fait froid au soleil, il fait lourd dans le vent, les yeux perdus dans le bleu, je tourne sur moi-même et ressasse la peur, j’ai peur, j’ai froid et mon temps s’évapore et mon ardeur se meurt, et le vent tout m’emporte.

Il n’y a rien dedans, il n’y a rien dehors, les images prennent toute la place. Le froid est répandu, je meurs et je me noie dans la fraîcheur sauvage, dans le pas détendu, dans l’apparence sans face et sans entrain. Il fait froid cet été et je glace mes yeux et je perds et je perds, la suite et les erreurs. Toujours le vent perdu, glace le temps et force et ennuie et force à reconnaître, les erreurs, les outrages.

La vengeance est vaine, les rires oubliés, la tenue insolente, le regard dans le champ : je ferme sur mon dos le cortège et les épouvantes, la succession est grande, le fief est défendu, il me force à sourire, il me force à entendre, je viens, je vais, j’ouvre et je ferme et je chante parfois sur la déraison lente, je marche trop sur le bord du canal, cette fausse rivière dans ce tableau, si loin, si jaune et si bleu.

L’amour a basculé, je chante pour tout un, pour dire et reconnaître et enfanter encore un frisson, un sanglot, un hoquet, pour déclamer au grand vent, les erreurs, les parjures, les ignominies, la terre est lourde et lente, le vent souffle bien fort, dans mes oreilles, sur le chemin, je crie, j’avance et je dis : il avance.

Un sanglot est perdu, une outrance l’emporte, j’exagère, je glisse sur le sol et j’écarte les bras sur le front, comme au bout d’un navire, dans la terre toute d’hommes marquée, tout est vrai, mais de main d’homme, de repos, de traits droits, de certitudes, sur le chemin, je dis, j’avance et j’écoute ma voix, et le plaisir me gagne.

Je suis d’une lignée, je suis d’un regard clair, j’avance et je joue bien, le sanglot dans la voix et je perds dans le vent et le souffle et les songes, et je résiste au pas du cheval dans le sable. La vérité est là, jouée dans la grimace, exagérée, tendue, je grimace l’horreur et je dis le contraire et les mots sont jetés en cascades et rimant sur le front éraflé.

J’ai heurté une branche, je parle seul de moi et de mes aventures, je suis fier et j’avance sur les chemins, toujours ils reconduisent et je joue mon malheur sur le sable, sans rien, le sang ne coule pas, mon triomphe est ailleurs, je suis inconsolable, je n’ai pas de mal, je joue.

Sur le tableau du paysage humain, les angles sont droits, les arbres en alternance, toujours je commence et toujours je recommence et je perds un peu de vérité, pourtant le panier est rempli, la corde est tendue et j’aime rencontrer sur le sol les cordes bleues qui ne pendent personne, la vérité tourne autour de ma tête, je pense, je respire et je reviens toujours.

23 Juillet 2008.

1 commentaire:

  1. "Je" subtilise "Il" dans cette nuit glacée, en cet été venteux. Le vent frissonne sous le feu des outrages.

    La semence a levé en plein jour. Le temps retourné s'arrête. La terre soulevée s’accroche au vent sur les chemins fébriles de l'exil, où rien, ni sujet ni miroir… seule… sa seule présence est offerte, généreuse et lumineuse, pure et évidente, UNE.

    Ses pieds glissent sur le gris, sur les flots et les larmes. "Je" avance en figure de proue sur l’océan-terre d’où émerge sa voix, sa voix qui le gagne.

    La vérité est là, si près, si près dans ce paysage qui avance vers l’horizon. La vérité est là dans le caillou sur le chemin. Elle est là, dans le cœur de l’homme qui avance si près, si près de lui qu’il l’entend chanter et danser tout autour, comme un enfant qui joue et court sur le chemin.
    "Je" respire et "Je" revient toujours. "Je" joue sur le front éraflé et le plaisir le gagne. "Je" avance si jaune et si bleu. Les outrages, le vent, tout l'emporte. "Je" frissonne.

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