samedi 17 novembre 2018

Il tourne sur lui.

Comment choisir la distance entre les yeux et le visage en face, un se ferme et l’autre s’oublie dans la musique, il ne sait pas combien il a d’oreilles, il est perdu, entre la fraîcheur et l’incendie, il se bouscule, sur le cœur, sur le nez, d’une évidence à une autre, il se perd dans l’eau, le bain est juste, et combien a-t-il d’oreilles, de nez, pour la bouche, il verra, il entendra, le coup sur la table, sur le lit, dans l’escalier, il ne sait plus, a-t-il des oreilles, est il complet, il ne part pas, il ne va pas loin, il ne sait plus, combien de nez et d’oreilles, il est en retard, il avance sur le chemin, et il dort la tête entre les mains, sans penser, les oreilles, le nez, il lustre ses espérances, il caresse sa peau et il se tourne sur le dos, sur la poitrine, les oreilles, le nez.

Sans trembler, il cherche et son nez et l’oreille, il construit un avenir de fleurs rompues et de sous qui tintent dans l’escarcelle, le nez, les oreilles, il attend et il tient fort la peau de son bras entre les doigts, sur le devant il pince en tournant pour imaginer, la vie en marche, une petite douleur et il est au paradis, il ne sait pas s’il a des oreilles, il ne connaît plus son nez, il tire sur sa peau et attend, il attend, la réaction.

Il faut sentir le mal et il a mal, il compte les torsions, il a mal et il ne sait rien, les oreilles, le nez, il tourne sur lui, il tient sa peau, il tourne et il souffre, le nez au vent, une oreille, deux et plus peut être, ouvertes, perdus dans le fond, dans le bruit, les yeux ouverts, il tourne les doigts sur la peau, il vit et il tire, un petit mal qui fait plaisir, encore un qui ne sait pas combien il a d’oreilles et qui n’a pas mis le bonheur au programme.

En appuyant, en tournant, en poussant, il avance, il tire sa peau sur le devant du bras, il est tendu, il prend, il prend, à pleins doigts, en poignée, il se pousse au réveil il se tourmente et ne sait plus compter, les doigts, le nez, les oreilles, il attend et il tourne, la peau du bras, du bras, il pince et cette petite douleur est un plaisir immense.

On en fera des bannières, on en tirera du calicot, au vent, au vent perdu sur les marais, il tournera sa peau, il lissera sa poitrine, sur le sel de la sueur séchée, sur le sel, l’eau s’est envolée, il avance en rêve et tourne sur le dos, sur le front, il ne sait plus s’il a des oreilles, il tourne sur le dos, et un œil s’ouvre, un œil se ferme.

Il ne compte ni ses doigts, ni ses oreilles, il tourne sur le dos et il compte le temps, le retour, l’attente, les doigts, les pieds, les bras, le nez, les oreilles, il est en fuite, le sommeil a fui, les heures tournent, le soleil monte, le nez au drap, le cou suintant, la face folle, il tourne et se retourne et il compte, les murs, le temps, le nez et les oreilles. Les bannières flottent, le vent est levé, triste figure, le chevalier est sans oreilles.

16 Juillet 2008.

1 commentaire:

  1. Son oreille est offerte et recueille l'âme de cette musique ancienne, cette voix sacrée qui emplit son cœur et boit ses larmes, nectar de lumière qui lui ouvre la voie.

    Pourquoi souffrir autant ? Pourquoi tant de souffrance ?

    Son corps est en lambeaux, sa peau un oripeau. Il ne sait plus qu’il existe, il ne sait plus et ne croit plus en rien. Tout est aride, poudré de sel et de sueur, l’eau s’en est allée sur les chemins de vent et de chaleur. Alors, son œil se ferme, sa paupière est lourde, meurtrie et douloureuse.

    Il vagabonde, il est errant vers son destin, ses illusions. Il avance droit sur sa monture, il est le chevalier à la triste figure.

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