dimanche 4 novembre 2018

Il est penché.

Il est, en ce grand temps, plus petit que soi, plus petit que lui, il perce et se concentre et défait le foulard et porte le fardeau, sur les mains, sur les pieds, sur toute chose au monde, sur le lointain en pleur, sur la raison qui vole.

Il chante et pleure et définit la vie et repeint les arcades et dissimule l’âme au cœur des ans, il se penche et compose une silencieuse oraison, il prie et se penche et reconnaît la lune, et reconnaît la vie et déplace le temps sur le fléau de la balance, sur les bras en croix écartés, sur le remord et la solitude.

Il pleure et chante, et il disparaît, sans attendre, sans espérer, sans rien comprendre, de ces hommes qui se penchent au sol et inclinent jusques à terre le front et touchent, touchent, la soumission, le respect. Ils est penché, son front frôle la pierre, les pieds bien écartés, il se penche sur le marbre et il foule le sol et pèse un poids mort, une lourdeur si grande, un si grand attachement, une si grande amertume, il est penché, penché, et il pèse un poids de terre morte, un poids de trahisons et de fêlures et d’audaces, il penche sur le sol et le front touche terre, et il porte aux épaules le poids de la vie en avance, du renouveau, audace, trahison, fêlure et repentance il est un beau mélangé à l’orgueil, et pétri et brassé et froissé dans l’auge noire, dans l’air clair dans le feu, il est brassé et broyé mille fois et perdu et compté et refusant de croire.

Il mêle dans son esprit les images et les sons et il engrange la vérité même, la vérité mise à nu, il se frotte et entend et repousse et avance et griffe sur le tas la peau et les os nus et la figure de cette fleur, perdue et retrouvée et liée à tout du monde, le bien, le mal et l’harmonie subtile. Il se penche et il croise un regard sur le dos, une faveur dans l’ombre, un dépôt sur la rive, un tas posé sur un autre tas et griffé et strié et balayé de traces et de soupçons. Un plus petit que soi, un plus petit que lui, perce un à un les mystères des anciens, ils sont inconnus et cachés et reconnaissent le mal venu, le bien fondé, l’accueil et la déraison même, le grand battement, les ailes déployées.

Il se dépose et suit d’un œil la conversation et les mots envolés et le cœur profané et la vie en attente, il est avancé et il croit aux ordres déposés et glissés et frappés de pierre à pierre. Il revient, il revoit, il revoit et recommence et il cherche partout un élan vers en haut, une bonté de l’âme, un chant de rossignol, à venir, à venir. Il a bien couru et porté et défendu encore, la trace des héros, l’ardeur, la soif sans solution, le regret pour toujours, le rien à en dire et en faire, il lui faut expier et prévoir et ramper sur le marbre, les autres y sont, les autres y sont.

Il se rapproche et chante l’âme des errants, des nommés, des seigneurs effarouchés, perdus dans le remord, perdus dans le regret et sans aube et sans voix. Il se relève et court sur l’absence, sur le mal reperdu, sur le mal arraché.

Il lui faut une raison de poids, une ardente question, une imposante vérité, il chante pour l’âme des mourants, sans pont, sans loi, sans rien de plus, sans rien de moins, il est perdu et il croise des ombres et il compose à lui seul le chemin, il descend, il rembourse et recommence encore une croisade pour la peau, une espérance. Sur le lien, sur la peau, il s’enchante.

10 Avril 2008.

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