mercredi 23 janvier 2019

Du sable à l’eau.

Ils sont sur le dos, sur le ventre, le sable coule sur la bouche, le sable coule dans le cœur, ils sont en phrases sur le sable, en sac, en ressauts interdits sur le coté, déplacés sur l'abîme, ils comptent les parures, ils comptent et poussent les serrures, ils finissent, une expression, une retenue, ils avancent en glissant sur le sable, sur la retenue, sur le service inespéré, sur la surface inventée, fragiles, sans rien de plus, sans rien de moins, des corps de chair et de sang, de la souffrance, du sentiment, sur le flanc, traînés sur le sable, dans la plénitude, midi est juste.

Ils se reprennent, ils enchantent, la vie est prise sur le sable, ils accumulent, ils transportent, ils prennent au ciel une étendue de chair et d'ombre, un carrefour, une fourche pour y pendre des poids, des cailloux, des fleurs de tubéreuse, le lys, le lys de mer, sur le sable, sur la perfection, sur le calme, ils se roulent d'un poids à l'autre d'une attention aux autres, d'une surface en suspension à une affaire imprécise, ils se traînent et ils commentent, ils s'affairent. Le soleil chauffe et ils écornent sur le devant, sur le coté, sur le rien qui y passe, ils inventent une affaire.

Puis une autre, le temps est bienvenu, le ciel est trop aride sur le sable, ils se tordent et supportent le temps et les douleurs, ils se donnent, ils empoignent la vie si lente dans le fond, une espérance sur le sable, il reste un souvenir de montagne, de blocs, de pentes, de parois : il est fin et fragile, il court sur le devant, il rampe sur le coté. Ils sont éblouis, ils sont assommés, ils se perdent et chantent, ils sont accompagnés, ils grandissent et inventent une fin pour chaque chose, une destination pour chaque objet, ils sont comptés, ils sont repus, ils se reprennent, ils sont sûrs.

Au devant, ils sont enfouis dans le sable, le poids sur le pied, enfonce toi, enfonce toi sur le devant, le poids du corps sur tout le pied, il est enfoncé aux chevilles, il est serti de petits cailloux, il est lourd sur l'eau, il se cherche, il se reprend, il est à faire, il est à dire, sur le sable, au sol le pied, aux chevilles dans l'eau, sur le devant face à la mer, sur le devant face à l'étrangeté des sentiments, face au poids du charme du grand ensemble, qui aspire qui détend, ils sont tendus et sautent du sable à l'eau, du sable à l'eau, enfonce-toi dans la vague, enfonce-toi dans la vague, étends-toi.

Le poids du corps sur le devant déroule la cadence, dérobe la blessure du vent et du sable, il est blessé au flanc, il est détruit et en parties, il est sur la place, dans l'illusion, dans la chaleur. Ils sont perdus, ils étaient, il devient un, ils sont perdus, il est revenu de la rive, il est reparti vers le temps, au chaud, au loin, au drap pendu d'un arbre à l'autre, ils étaient trois il est revenu seul, il est perdu sous les arbres, si près de l'eau, si près du temps passé, si loin, si tendu d'une branche à une autre, ils se retrouveront, sur le chemin tendu d'un pied à l'autre

D'une saison sans rides, à un âge de feu, il est encore chaud, il est perdu sur le devant, face à la mer, il a perdu ses autres, ses enfances, il est tendu sous les arbres, d'un drap à l'autre, d'une espérance au vide, au vide qui tourne rond.

24 Juillet 2009.

1 commentaire:

  1. Sur le sable, ils sont en mots posés, en mots sablés, en incertitude et solitude, rangés dans l'interstice de la serrure, en clef de sol et clef d'espoir sur la chair de l'inespéré. Ils sont une griffure sur la gerçure des peaux de sable, de sel et d'eau.

    "Ils inventent une affaire", une trace du temps sur la chair du sable, une odeur, un serment, un désir incertain dans le cœur de la plage, une image lointaine qui leur glisse des mains, une fleur de caillou dans leur cœur de pierre, et les reflets du vent qui caressent leur ombre au carrefour du monde. Ils inventent, ils s’affairent, "ils inventent une affaire ".

    Face à la mer, il se sent lourd les pieds comme des cailloux, les chevilles enserrées d’eau et de sel, et de sable d’amer, comme des bracelets de pierres et d’or fin. Face à la mer il défait les embruns et plonge dans la vague qui se roule et s’enroule dans des draps de sable où il s’étend, et ouvre son cœur-coquillage.

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