jeudi 3 janvier 2019

Le bleu si grand et si profond.

Sur le chemin, rangé, perdu, sur la route, j’avance et j’inscris sur le temps une muraille ancienne, une muraille perdue, si près, un mur aveugle, rangé sur le chemin. Prisonnier de la route, j’avance et je perd et je cherche et j’entrouvre, je suis sur le loin, si près, si beau, j’avance, j’avance et enfonce toujours et face au vent, je défie la muraille et remonte le temps et débride l’azur, je compose le temps, accélère mon âme et lutte contre le vent et avance et racle au ciel bleu immense : une si grande pâleur, une infinie douceur, une étrangeté claire qui fuit l’horizon, qui dévoile et s’entrouvre.

Il rentre, enfin, prend sur le vent une rafale de mystère et pose l’oubli dans un signe obscur, il défait à coup de hache, il refend à coup de hache, il repeint le noir, la solitude est immense, le soleil impénétrable, il racle sur la route et pose un fanal en plein soleil, une flamme au soleil, invisible, éblouissante, le vent souffle, à plein poumon le chant s’abandonne, il fuit sur le chemin et dérobe à l’azur la pâleur des insectes, la silencieuse blancheur, le rire étouffé, la poudre sur l’aile des papillons.

Le bleu, le bleu si grand et si profond, il soutient. Les abeilles soupirent, il est parfumé de noir et d’or.

On peut se demander, et sa cour le condamne, il espère toujours et le soleil le fuit et il crie au chemin et il racle la pierre, obstinément tendu, il abîme son pied, il tord les quatre vents, il se croise dans l’ombre, il épanouit le clair et le jasmin. Les fleurs de miel et d’abeilles brûlent infiniment sur le sol, sur le temps, la cour qui le condamne est un repère pour la soif.

Perdu sur la route, il jette à la croisée le vent en poudre fine, le clair. Rayonnant et les pieds dans la boue, le compagnon errant perd de sa sainteté, il grandit dans l’angoisse et faillit dans la joie, il espère, il revoit, il hurle sous le vent, le nuage est passé, la soif l’accompagne, il repart, il s’absorbe dans le silence seul.

Sur le chemin perdu il renonce, le cœur est inquiet, la vue brouillée, il renonce, l’eau est froide, le ciel pâle, si pâle, de poudre d’or perdue aux papillons, de fleurs bleues, si bleues, un rêve étrange, un voyage de plus, une incompréhension, il s’accroche et se prend, il est dans l’ombre, il écrase sa voix, il reprend, il entame le long et lent, si long et lent, retour vers avant.

La muraille en voyage a tenu mon chemin.

23 Avril 2009.

1 commentaire:

  1. Le ciel s’ouvre en un grand éclat de rire tout bleu. Il attrape les fils de l’air et tisse un ruban de douceur qui embrase l’horizon, repeignant de lumière la profondeur de l’espace.

    L’air vibre sur le chemin. Le voyageur avance épuisé, solitaire dans une lumière pâle, lavée, délavée, lessivée. Il marche sur le chemin, trébuche sur les cailloux et se raccroche à la musique du vent, aux ailes des papillons d’où s’envole une poudre de lune.

    De noir et d'or, poudre d'étoiles est le corps des abeilles. Elles me laissent rêveuse ces abeilles qui soupirent.

    "Le nuage est passé", la lumière se déverse en gouttes de soleil, et dans l'air bleu glissent les oiseaux du silence.
    Éternel retour vers la source du temps.

    Mon voyage en chemin a lâché la muraille.

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