mardi 8 janvier 2019

Il compte les ombres.

Il entend, il reprend : mourir, dormir, il penche sur la terre et compte les ombres, les doigts sur le sable, son poids entier au sol, il attend la chaleur, il compte les ombres sur le sable, il respire chaque grain de l’année, il fond sous la comète, il dégrafe le tendre, il soupire, il s’alarme, il dévore et comprend, il est atteint et perdu, il contemple entres ses doigts le grain du jour.

Le sable tombe, le temps coule, il s’effrite et se noie dans la chaleur et la volupté, il est naïf et jeune et sombre, ombré et noirci de soleil et d’ardeur, il contemple sur le sable la couleur du soleil, entre ses doigts, mêlée.

Le tendre est en avance, la chaleur va et vient, il recommence et il balance entre ses doigts un rêve d’or, une candeur de convenance, une illusion de chaleur, il va, il vient, il recommence, il tempère sa solitude, il espère sur le sol, au monde, une écriture pour la soif, il défait son ardent message, il délivre la ruine et il se bat, il s’effarouche, il recommence, il transpire, il y voit une coupure, il censure son émotion, il tord le nez à la griffure, il connaît bien ce trouble état, un émoi lance en couronne une chanson au sel sur l’eau.

Il évapore et il empêche la solution, il évacue de lui tout ce qui le comble, il recommence et il frissonne, le froid est revenu, il rêve de chaleur, de joie, il dormira, il songera, il sera libre et fécond, il montera d’un doigt étrange un mot sur l’autre, un mot sur l’autre au ciel et au vent, au miracle, il époussette les cailloux, il pousse un peu, il recommence : les ombres filent, un et deux.

Il compte sur le fil de l’âme l’éclair brûlant, la lame fine, le tranchant sur la saison mûre, il recommence et il croit.

Il entend, il meurt, il souffle, il écarte les yeux sur tout, il compte sur le sable, il rêve d’or et de ferveur.

Il écarte sur sa couche les draps tordus, les plis, sur sa peau il retouche et descendent un frisson de plus, une candeur, une aventure, il pousse sur le sol grenu une écaille, une parcelle d’espoir et de grandeur, il évente un secret trop dur à garder, il frémit et il s’amuse.

Le temps glisse entre ses doigts, il recommence, il bascule, il rêve encore et connaît : la lente, lente habitude, il n’épargne ni or ni tout, il franchit le passage, sur le cœur il tient bien serré une herbe fine et sèche, un souvenir, la charité était ardente. Le sang se mêle au soleil, il ouvre plus grand les yeux et la main, les doigts glissent sous le sable, sous le trésor, il cache un simple caillou, il compte et recompte les idées une à une, les mots d’azur brochés.

Entendre, reprendre, mourir, dormir, il penche sur la terre et compte les ombres, il se donne la vérité, il écarte les yeux et il domine un monde sans passions. Il est naïf et jeune et sombre, ombré et noirci de soleil et d’ardeur.

29 Avril 2009.

1 commentaire:

  1. Il roule entre ses doigts les grains de la vie, grains de sel qu'il effrite sous le soleil couleur du tendre.

    "Le galopan en la sangre dos abuelos, si seńor", l’un plein de tendresse au cœur cousu d’or, les doigts danseurs sur les cordes des guitares. L’autre silencieux et solitaire, griffeur de vent et de syllabes, fileur de mots au goût de sel. "Le galopan en la sangre dos abuelos si señor, uno lleno de silencios y el otro medio cantor".

    Le froid est revenu et avec lui devant l'autel l'heure du sacrifice. C'est l'hiver, dans le fossé des mots roulent les cailloux et dispersent les mots qui s'agrippent aux parois. Il lui faudra capturer cette image, cette image des ombres sur les mots.

    Le secret émerge de l’ombre. Le fil est ténu dans l’air et les songes. Un frisson descend sur la peau de la nuit et meurt doucement jusqu'au réveil de l'aube.





    "Me galopan en la sangre
    dos abuelos, si señor.
    Uno lleno de silencios
    y el otro, medio cantor.".



    https://www.letras.com/atahualpa-yupanqui/849451/

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