vendredi 11 janvier 2019

Ô, d’amertume.

En revenant, sur le sentier, la peur et l’absence prennent forme, les regrets certains, la mine perdue, on se tourne et contemple la marche à accomplir. On défend et on autorise, on renonce souvent, et on chante une autre certitude, le monde est si pesant, la toile est resserrée, les ardeurs à bannir, les peurs à exploiter.


Ils font revenir, refaire un nom, tourner au loin et fracasser la conscience et la rage, ils fondent l’avenir sur les outrages et l’horreur. Ils se vautrent dans la terreur et le mensonge, ils se démâtent et perdent le signal, ils fondent un empire de mort sur les pleurs et les cris des petits, qui doutent.

Ils prennent et froissent un à un les pétales, les fleurs n’ouvriront pas, ces vieux si vieux n’en veulent pas, ils se dessèchent et fanent, fanent, fanent : les cœurs irraisonnés, les candeurs et la joie. Ils collent au fond des âges et du charnier, ils roulent, ils glissent et observent et méprisent les cœurs.

Ils abattent la fraîcheur, ils éteignent les feux, l’ardeur les incommode, la fraîcheur les outrage, ils sont bien petits et bien seuls, ils ne lisent plus et n’ont jamais pensé, ils ne regardent rien, ils effacent tout, la craie les tache, les additions les portent, ils sont sur le flanc, le nez dans la vase.

Ils comptent, pèsent, contraignent et font racler bien fort le nez et les oreilles, ils doivent plier la beauté et la joie, ils traînent d’un banc à un autre, ils dessinent un avenir de feu, ils écartent et plongent leurs yeux dans une mer de courroux, de peur et d’oppression. Les yeux écartelés, la lèvre sèche, ils encadrent, ils encadrent et meurent à chaque instant. En revenant sur leur sentier, en parcourant leur route on abandonne tout, on frémit et on geint, on recule plus loin, on tord le cœur et l’espérance, on se donne au rien, on avale leur breuvage amer.

L’avenir est fermé les portes grincent, les doigts sont pris dans la graisse et le sang, ils doivent effondrer et répandre à terre un si petit savoir, un bagage de nuit, ils se tournent sur rien, ils débordent sur tout, ils avalent des verres d’impuissance, ils se donnent pour eux et ils arrachent tout, ils sont au fond du trou et ils le revendiquent.

Ô, d’amertume sombre, ô, de regard fuyant, rien ne compense rien, ils arrachent les cœurs et les jettent au loin, ils sont à ignorer et ils décomposent, pauvres vivants, perdus dans leurs douleurs, ils n’aiment rien. Et la lune au dessus coule en larmes et sanglots, ils détruisent la joie.

11 Juillet 2009.

1 commentaire:

  1. Les cœurs se fanent et grondent, et se plient sous les outrages. Ils sont abandonnés et si petits sous le poids du ciel. Cœurs égratignés, cœurs défaits, poussière de craie sur un lit de pétales.

    La beauté est là, si proche et si fragile, si fragile et si docile. Ne lui tordons point son cou, son cou si frêle et si gracile. La beauté est là dans ce petit rien, cette petite trace sur l'argile.

    Ô, ces cœurs arrachés que l’on jette aux pourceaux. Ô, ces âmes en peine noyées dans leurs chagrins. Les yeux éteints ne voient pas la beauté qui inonde le monde. La lune pleure, on lui a tué sa joie.

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