lundi 7 janvier 2019

Retour de langue, de rouille et de stupeur.

Ses dents de nacre claquent dans la nuit de sa bouche. Maman a cent ans, le miroir des alcôves reflète le sang des sacrifices, qu'il lèche de sa langue rugueuse en écorce de fauve. Il attend la pluie. Il attend que le ciel se déverse sur la plaine pour ôter son masque.

Sur le bord du temps, il creuse de ses mains d'or, il creuse. Il creuse et trouve une goutte d'or tout au fond de sa gorge.
Combien faudra-t-il d'orages ? Combien faudra-t-il de temps pour laver le visage de la terre ?

Dans le serment : le simple et le fragile, l’oiseau et l’image dans le miroir du temps, un souffle, une morsure. Sur la chair du monde : une tache de rouille, une trace vermeille qui remonte le temps.

Une langue de rouille sur un brin de salive se défroisse et salive, se retourne et s’étire et se déploie dans l’air comme les ailes du désir.

Il nous faut trouver la brèche. Ce passage incertain dans la courbe du temps et les flancs de la terre où s’accrochent les mains des jeunesses éternelles.

Il nous faut glisser dans la rainure de ces instants de grâce, où le silence embrasse la beauté de la source.

Maria Dolores Cano, 07 janvier 2019 à 12:07

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