mardi 22 janvier 2019

Un nuage est passé, il a fraîchi nos fronts.

Au loin, ils dorment, bien trop, bien fort, ils écharpent les draps blancs, ils écrasent la mer morte, leur combat est incessant, la vie de gerbe et d’eau et de sel, est suspendue au désir, dévorée de crainte, perdue dans le mal, saccagée par la haine. Ils se repentiront, des cailloux au fond de l’âme. Ils se perdent et se signent et dégagent le temps, ils suspendent aux aurores le bien immaculé, loin du mal déversé, le bien si blanc, trop blanc, qui dégage leur vertu et se couronne, trop pensé, trop donné, si longtemps et si mal, si longtemps et si mal, vécu.

Ils se cherchent et enfoncent les doigts dans la poitrine, à l’aube le sein est dressé, la confiance est là, dans la poitrine, la force est là, dans le genoux, dans la raideur vive et tenace, ils se donnent sur terre et plongent des couteaux au coin du cœur, au coin de l’âme, dans la ferveur, dans l’escalier rompu, fendu, détruit, les pierres se détachent. Ils sont conquis et vains, et la ruine est certaine, l’escalier est en écheveaux rompus, ils chantent sur le tas ces prêtres de l’absence, ils se mélangent et donnent sur le palier, et donnent un comble à y tenir.

Une décision, au calme pour un reste d’amertume, ils chantent et recommencent et décomposent l’aube et ils oublient le sentier, ils foncent au soleil, ils ont évacué l’histoire sur les draps, en restes de vengeance, la confiance est là, à l’aube en partance pour l’éternité, pour le refus si blanc, si calme et redoutable, ils se perdent encore et ne peuvent rien de plus, ils sont coupés en deux, en trois, à midi ils se chantent, à minuit ils ont bu une eau fraîche et secourable, ils se donnent un repentir le jour, le mal est absent, ils se donnent un à un.

Ils se répandent aux autres, ils ont conclu un pacte avec le soleil clair, ils boivent la rosée, ils laissent au chemin les cailloux et le sable, ils comptent les murs, ils déposent les pierres, ils se bercent et tirent des seaux de satisfaction, des rires en cascade, de l’eau versée au front des revenants, ils se démènent et posent sur le sol un lot de pierres blanches pour enfanter le calme, pour y voir un peu plus, un peu mieux le songe de Jacob, les larmes des vaincus, un peu mieux l’errance d’un peuple, l’histoire rebattue des petits qui ne comprennent rien.

Dans son bruit, sa fureur, le monde tourne encore, il se répand sur tout et clame le retour, les serments, les erreurs, le tour du bois s’impose, ils se dénigrent et plongent en rêve pour eux même, leur confiance est aveugle et muette, dans la poitrine, dans la poitrine, ils achèvent, ils ont bu une eau de silence et de remord, ils sont répandus sur leur couche, ils se regardent et jouent sur le coté, ils sont éblouis par le soleil si clair, le ciel bleu si bleu, des nuages passent et posent un peu d’ombrage sur les images rares qui défilent et les noient.

Ils se regardent et songent, le ciel est entier, le bord du toit est là, il faut encore tenir la cadence, les bruits suspendent tout, ils affinent l’âme, ils sont sans y penser les gardiens d’un temps perdu, emmêlé de joie et de grandeur, allongés sur la couche, perdus en rêves et en deuils, ils se composent un chant de bienvenue, bienvenus tous et soi et le reste, attendus, ne finissent rien, jouent et chantent sur ces draps, le ciel est clair, le soleil presque bleu. Ils se regardent et songent, le ciel est entier, un nuage est passé, il a fraîchi nos fronts.

22 Juillet 2009.

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