mercredi 2 janvier 2019

Ils se donnent au loin.

Je ne vous ai pas dit, entendez vous le chemin, il est fait de chaînes dans la rouille, de chansons et de cris, de peurs à chaque pas, de sourires inquiets et tendres. Tendrement et en allant il faut avancer sur cette route et finir sur le dos et enfoncer le temps dans cette tête, il est fait sur le loin, sur la mesure étrange, vers le combat et la nuit.

Le plus petit avance, le plus petit se voit, il est de fer rougi, de pierres écrasées, de supplices dans l’air, de morgue et de fêlures. Ils avancent au loin et coupent les anneaux, le cœur est enlacé, le souffle est refendu, ils se donnent au rien, ils se prennent dans l’ombre, ils raclent le sentier et tordent leur ferveur.

Ils se donnent au plus fort, ils sont liés et déraisonnent et commencent le sac du jour perdu. Ils pillent et délacent la corde bleue et noire et trouvée sous la main, ils serrent le cou et griffent l’aventure, le corps est emmêlé, le cœur sonne sur tout, ils se donnent au bien, ils offrent des montagnes, ils affolent le jour et comptent les erreurs. Ils sont perdus encore et ils avancent vers ce jour à l’horizon, ils fuient, ils fuient.

La corde est recoupée, le pied est étendu, ils sautent sur le sable, ils trouent le sol séché, ils avancent et vont d’une ombre dure à un petit rebond, ils écartent le soir, ils défont les murailles, ils blessent les cailloux et fourbissent le tronc, il faut lustrer et briller ce coin d’âme, ce coin perdu, sans rien, sans ardeur et serré, ils se donnent en l’air et ils étrillent le pauvre petit rien, le plus absent de tous. Ils se ferment et dorment un œil ouvert, un œil fermé, ils serrent sur le col la corde, ils affirment, ils noient, ils sont à inventer.

Le ruban sur les yeux, la peur au fond du trou, ils explorent le bien, ils fracassent le temps, ils sont perdus et ils avancent encore, le roi est nu, l’homme est absent, ils se reprennent et chantent en embrassant le vent et jetant des cailloux, ils se donnent encore et ils comptent l’oubli, le certain, l’inconnu et tout ce qui viendra, ces yeux sont oubliés, ces mains sortent de l’ombre, ils ont rangé le temps, ils ont rouillé l’ennui, les anneaux, les saisons, la suite est incertaine, ils se redonnent au loin, ils se suivent toujours.

Entendez-vous ce chemin, ces clameurs, comme ils sont inquiets, comme ils se dérangent et forcent le sourire, ils sont à demi clos, ils sont en espérance, ils se rebellent et jonglent avec les émotions, ils se recroquevillent, ils inventent, ils voient, ils croient et recommencent et comptent les bons jours, les erreurs, les sarcasmes, ils sont au bout du rien, ils sont à poing fermés, ils se donnent au loin, ils avancent, ils désolent le ciel, ils effrangent l’instant, ils sont bien empêchés, ils sont en aventure, ils regardent leurs doigts et raclent la ferveur sur le ciel étalée.

Le fer, la saison, le temps, la rouille tout est posé au sol, tout est gardé en l’air, la fureur, le mystère, ils avancent encore et ils fuient leur histoire. Un cœur de pierre, un brin d’acier, le métal est chauffé, la course les effraie, la corde au cou bleue et noire, ils sont pendus à rien, ils sont défaits et hébétés. Je ne vous ai rien dit.

21 Avril 2009.

1 commentaire:

  1. Je ne vous ai pas dit les nuits de pleine lune, où ronde et réjouie cette déité couve le monde de son œil attendri.

    Le petit est pétri dans la rouge blessure, dans l'ombre du sanglot qui griffe l'air pur. Il se donne et s'enlace aux plus grands dans la coupe du jour déversée à l'horizon, en grandes brassées de fleurs pour apaiser les pleurs.

    Regardez, là-bas, dans cette nuit bleue éteinte le jour qui s’embrase. Je ne vous ai rien dit de tout cela, mais je sais que ça existe encore.

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